Prendre la fuite...
Quand il ne peut plus lutter contre
vents et marées pour poursuivre sa route, le voilier peut prendre deux
allures, la cape qui le soumet à la dérive du vent et de la mer ou la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l'arrière avec un minimum de toile.
La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage, elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l'horizon des calmes retrouvés.
Rivages
inconnus qu'ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de
pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans
imprévu imposée par les compagnies de transport maritime.
Vous connaissez sans doute un voilier nommé "désir".
Il y a plusieurs façons de fuir. Certains utilisent les drogues, d'autres la psychose, d'autres encore le suicide, ou la navigation en solitaire.
Il y a peut-être une autre façon encore de fuir: fuir dans un monde qui n'est pas de ce monde, le monde de l'imaginaire
où on risque peu d'être poursuivi.
On peut s'y tailler un vaste
territoire gratifiant que certain diront narcissique. Peu importe car
dans le monde où règne le principe de réalité, la soumission, la
révolte - la dominance et le conservatisme auront perdu pour le fuyard
leur caractère anxiogène et ne seront plus considérés que comme un jeu
auquel on peut participer sans crainte et se faire accepter par les
autres comme "normal"...
Fuir donc, loin des compétitions hiérarchiques... Attendez-moi, j'arrive !
Henri laborit (Éloge de la fuite,1976)
Mam